THE HOLYDRUG COUPLE

 

holydrug couple

« Air a changé ma vie »

C’est après un tour dans une galerie d’art que Ivan, le chanteur-synthé-guitariste-parolier et compositeur d’un des couples chiliens les plus en vogues du moment nous retrouve pour faire le point sur sa jeune carrière. Pas très fan’ de drogue et pas très adepte du terme « psychédélique », il nous explique comment un certain groupe français des années 90 a changé sa vie.

 

Vous vous appelez Holydrug Couple mais je suis sûr que vous n’aimez pas la drogue et que vous êtes deux garçons très sages, non ?

Oui, tout à fait, nous n’aimons pas les drogues.

C’est donc possible de faire du psyché sans prendre de drogues ?

Bien sûr. Je ne me vois pas prendre des drogues alors que je dois travailler sur un enregistrement.

Bien sûr, c’est juste un nom n’est-ce pas ?

Oui, on trouvait que ça sonnait bien, c’est tout.

 

« Nous ne sommes pas en couple. »

 

D’accord. C’est la mode des groupes en Holy en ce moment : Holy Wave, Holy two, le tien.. Qu’est-ce qui se passe avec Holy ?

Je n’en sais rien. C’est Manuel qui a trouvé que les deux mots sonnaient bien ensemble.

Comment se passe votre vie de couple ?

Nous ne sommes pas en couple.

C’était une blague. Vous êtes quand même souvent ensemble, tout se passe bien ?

Oui, on était amis déjà avant le groupe, c’est ce qui fait notre force.

C’est quoi « Pantanal » ? (leur dernier disque s’appelle« Soundtrack For Pantanal », NDR)

C’est un mot qui veut dire « Pantalon », c’est un type de pantalon au Brésil. Mais c’est surtout une zone humide au Brésil, une gigantesque réserve naturelle inondée la moitié de l’année, et il y a eu un film là-dessus qui s’appelle « Pantanal » sorti en 2014, d’où le nom de notre album qui est comme une proposition de BO du film, 2 ans après.

Je comprends mieux. Tu parles énormément de la nuit, de la lune et de l’obscurité dans tes paroles : êtes vous des vampires ?

Non, mais c’est un thème romantique qui m’intéresse dans la littérature, la poésie.. J’aime bien Dracula, et je trouve que ça va bien avec notre musique.

Je vois, tu n’es donc pas un vrai nocturne ?

Non, j’aime aussi la journée.

Une de tes chansons s’appelle justement « Light or Night » : il faut choisir..

Oui, et bien je crois que j’aime autant les deux, c’est la dualité classique.

Bien sûr. La musique pour toi, c’est une façon de t’échapper, de rêver, d’accéder à un autre monde, un monde meilleur ?

Un peu oui, ça permet à certaines personnes de se créer son propre monde. Moi à travers ma musique j’exprime le monde qui est le mien.

Tu ne pourrais pas vivre sans musique ?

Non.

Tu utilises beaucoup le synthétiseur, c’est un instrument fascinant non ?

Oui, mais ce qui m’intéresse le plus c’est les touches du synthétiseur, il y a des gens qui ont même une obsession pour les touches noires.. C’est l’objet en lui même, le toucher.

Mais tu aimes le son que ça fait aussi, non ?

Oui.. Mais je crois que j’attache plus d’importance à la manière de taper dessus qu’au fait de rechercher des sons.. J’aime la sensation du toucher.

Je vois. Quel est on modèle préféré ?

Aucun en particulier, j’aime tous les types de piano : synthétiseur, orgue, piano électrique.. Ils ont tous leur propre personnalité. Encore une fois, j’aime surtout les touches du synthétiseur.

D’accord. Comment se porte la scène psychedelic rock au Chili ? (ils viennent du Chili, NDR)

(Long silence) Je ne sais pas si il y a vraiment une scène au Chili.. On me pose souvent la question.. C’est quoi pour toi une scène musicale ?

Et bien un ensemble de groupes qui jouent le même style de musique, dans un espace donné, comme un pays..

Oui je vois mais.. Ce qui nous réunit par exemple avec Follakzoid et d’autres c’est qu’on est amis et dans le même pays, mais de là à parler de scène.. Quand on y regarde de plus près chaque groupe a son propre style.

Il y a quand même quelque chose, et il me semble que l’Amérique du Sud a toujours été une terre fertile en matière de garage et de rock psyché ?

Oui, c’est vrai, après c’est plus récent au Chili il me semble. On a notre propre son ici, qui n’est pas si rock mais plus porté sur l’introspection, plus calme.

« « Currents » de Tame Impala m’indiffère »

 

 Et que penses-tu de ce mot que l’on retrouve désormais partout : « psychédélique » ?

Je ne l’utilise pas, tout le monde l’utilise sans même savoir ce que ça veut dire.. Je ne sais pas de quoi ils parlent..

Quel autre mot tu préférerais alors : cosmique ?

Oui, c’est mieux. « Psychédélique » renvoie au mental, à la « psyché », alors que « cosmique » renvoie au cosmos, au ciel, ça m’intéresse plus. Psychédélique aussi remarque, mais c’est quand même d’avantage porté sur le visuel, les couleurs.. Je n’utilise pas non plus le mot « cosmique », mais c’est mieux.

Quel est le disque qui t’a fait te dire un jour : « c’est ça que j’ai envie de jouer » ?

J’ai beaucoup écouté de rock des années 90, et un jour j’ai découvert « Moon Safari » de Air.. (à ce moment là il reçoit un verre de vin rouge, et comme je ne crois pas au hasard.. NDR). J’ai beaucoup écouté « Animals » de Pink Floyd aussi mais Air m’a vraiment ouvert à un autre imaginaire, avec des guitares qui sonnaient plus claires..

Et tu veux jouer ce style de musique toute ta vie ?

Mon style c’est le mien, il va donc sûrement évoluer avec le temps. On sort un album l’an prochain, ça sera forcément différent.

Oui, bien sûr.. Mais tu voudrais faire quelque chose de vraiment différent ?

Pourquoi pas mais il faudrait changer de nom, ou faire un projet solo. Holydrug Couple a une identité bien définie désormais, et je ne suis pas prêt à me lancer dans un autre projet, je suis bien avec Manuel (le batteur, NDR).

Tu penses quoi du disque « Currents » de Tame Impala ? Moi il ne me plaît pas trop..

Je ne l’ai pas beaucoup écouté. J’ai du écouter quelques chansons mais ça ne m’a trop marqué je crois car j’ai vite arrêté. Je n’aime pas trop l’EDM, ce style de musique. (électro-pop, NDR). Mais c’est pas mauvais.. On va dire que ça ne plaît pas, mais ça ne me déplaît pas non plus, ça m’indiffère.

The Holydrug Couple // « Songs For Pantanal » // Sacred Bones Records // 2016
Propos recueillis par Maxime Jammet le 15 septembre 2017

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