Depuis quelques années, il se trame une petite révolution dans les tunnels sombres et les caves hexagonales: le retour à une musique punk, insoumise aux diktats commerciaux et hautement surprenante chantée en français. Loin des productions plus standardisées, toute une nouvelle génération de musicien.ne.s écrit des textes au cordeau, renouant sans snobisme avec une street poésie salvatrice, drôle, ludique et souvent profonde, qui pose des mots comme personne sur notre époque.

Le festival Restons Sérieux est le seul événement en France à rassembler, le temps de quelques jours de concerts, les ténors et jeunes gens modernes qui incarnent cette scène alternative en ébullition. Si la salle parisienne le Supersonic s’est affirmée depuis ses débuts comme le point d’entrée de nombreux groupes internationaux, l’organisation de Restons Sérieux est une façon pour son équipe d’inviter les artistes qui revitalisent à la fois la création musicale et l’usage du français en musique. Un focus qui agit aussi comme un manifeste tacite de l’underground et l’indépendance locales d’aujourd’hui.

Du 11 au 15 juillet, Restons Sérieux proposera 22 groupes en concerts, naviguant dans des esthétiques et sonorités variées, du post punk à la chanson cabossée, de la street wave à la pop psychédélique en passant par l’héritage indus et des explorations sonores expérimentales. Parmi les moments forts, on citera le rap dadaïste de Astaffort Mods, l’après punk de Badaboum (projet de la chanteuse d’Heimat), la techno chantée douce-amère de Yolande Bashing, l’ovni WTF Jean-Pierre Fromage, l’electro punk cosplay d’Infecticide, la pop psychotique et romantique de Reymour ou la ligne claire synth pop de A Trois Sur La Plage.

Pour monter en puissance et offrir une forme d’apothéose à cette édition, judicieusement placée sous les feux d’artifices de la mi-juillet, Restons Sérieux investit le 15 juillet la mythique salle du Bataclan avec un plateau punk, synthétique et claquant. Gwendoline, énorme révélation auto-proclamée “shlag wave”, le punk théâtral de la troupe de taupes de Maulwürfe aux confins de l’absurde et l’electro-clash culte de Vive La Fête (immortalisé par Xavier Dolan dans Les Amours imaginaires) forment un plateau symbolique de la démarche du festival : irrévérencieux, drôle et mélancolique, dansant et émouvant. Une célébration de la puissance de notre scène francophone. La seule chose à prendre au sérieux, au fond.