MUSTANG

 

Avant de faire swinguer le Supersonic avec leurs « chansons rock’n’roll’ », le trio de Clermont-Ferrand s’est prêté au jeu de l’interview. Bien installés dans les canapés en cuir de la mezzanine, Jean Felzine, Johan Gentile et Remi Faure se racontent avec beaucoup d’honnêteté. Entre autres sujets abordés : l’EP à venir, l’écriture de chansons et Philippe Katerine.

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Supersonic : Dans l’EP que tu as sorti en 2015 avec Jo Wedin, on trouve la chanson Les Hommes ne Sont Plus des Hommes. C’est dur d’être un homme aujourd’hui ?

Jean Felzine (chant, guitare, synthé) : Non, c’est toujours plus dur d’être une femme. Nico avait dit que son plus grand regret était de ne pas être un homme. Je crois pas que ça soit dur d’être un homme.

Supersonic : C’est marrant de voir Mustang sur un album de « La Souterraine » parce que ça fait quand même un moment que vous êtes plus des inconnus ?

Jean Felzine : Ben oui mais on est redevenus des inconnus parce que maintenant on a plus vraiment de maison de disque (chez Sony avant, NDR). Et puis c’est eux qui nous ont demandé, on est pas allé faire de la lèche à « La Souterraine »..

Supersonic : Et ça vous dérange pas ?

Jean Felzine : Mais pas du tout c’est bien, ils sortent pleins de trucs tout le temps.. Donc ils ont choisi ce titre là.

Supersonic : Justement cette chanson Dis Moi Merde, c’est toujours pas auto-biographique comme tu disais à Gonzai en 2014 ?

Jean Felzine : Non non, j’avais trouvé la formule sympa c’est tout.

Supersonic : Vous faites figure d’ovni à ne jamais vouloir choisir entre chanson et rock’n’roll. Vous en êtes où de cette bipolarité ?

Remi Faure (batterie) : A la base le rock’n’roll c’était des chansons.. Moi je trouve ça bizarre de poser cette question parce que les premiers morceaux de rock c’est des vraies chansons, c’est pas antinomique.

Johan Gentile (basse) : Y’a qu’en France qu’on se pose ce genre de questions, pour nous c’est naturel d’écrire des chansons..

Jean Felzine : Et surtout comme on est un groupe ça fait plus penser au rock, tu trouveras pas de groupe de chanson, ou alors c’est vraiment des trucs horribles. Et voilà c’est une question qu’on se pose jamais.

Supersonic : Justement votre dernier morceau Karaboudjan est un instrumental surf et synthétiseur. Adieu la chanson, bonjour le Krautabilly ?

Jean Felzine : Non on l’a fait pour ce morceau là mais y’aura aussi des vraies chansons sur l’EP à venir. Donc non y’a pas de virage, tu sais on a jamais trop calculé. Quand on trouve un morceau qui est cool on le fait et puis c’est tout. Ça va pas plus loin que ça.

Johan Gentile : Oui ça vient naturellement. C’est un des premiers morceaux avec lequel Jean s’est ramené après la tournée « Ecran Total », un disque qui avait été un peu laborieux à faire. Et là il est arrivé avec un truc un petit peu vénèr’, un bon riff’ de rock, on a repris un peu les choses à la base. Faire des morceaux vraiment en groupe à 3, c’est hyper rafraîchissant, et aucune parole ne s’est imposée. A ce moment là on en avait marre de tricoter et on a envie de ça, un vrai morceau de groupe.

Supersonic : Pas d’idée de virage artistique plus rock’n’roll ?

Jean Felzine : Non par contre le virage qu’on a voulu faire c’est sur la production. Avec ce nouvel EP je voulais faire une photocopie vraiment de comment le groupe sonne à 3. On a « sous-arrangé »
volontairement, c’est tout enregistré « live » sur un magnéto à bandes. On l’avait jamais fait et je regrettais un peu qu’on ait jamais entendu le vrai son du groupe, à part sur quelques inédits..

Supersonic : L’EP à venir est-il dans l’esprit instrumental de ce premier morceau ?

Jean Felzine : Non c’est le seul, c’est un clin d’oeil parce qu’on en a fait pas mal au début du groupe.

Supersonic : Et donc plus chez Sony..

Jean Felzine : Non, on est revenu à notre premier label « Arag Records ».

Supersonic : Retour à la maison.

Jean Felzine : Plus ou moins. En fait on l’avait jamais vraiment quittée parce que Yan nous a toujours aidé à part sur le 3e album comme il avait plus de tune non plus.. Donc Sony nous a pris « en direct’ », c’est le seul disque qu’on a fait « en direct’ » sur une major. On revient avec lui parce qu’il est fidèle et de bon conseil, et qu’il a des idées et un maigre pécule qui nous permet d’enregistrer.

Supersonic : Vous avez réagi comment à la mort d’Alan Vega ?

Jean Felzine : Je m’en fous. Je l’aimais bien mais.. Moi mon héros c’est Philippe Katerine. Je l’adore et je pense qu’il sera reconnu, s’il l’est pas déjà comme un type qui aura renouvelé la chanson française.. Tous nos héros ne sont donc pas morts !

 

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Maxime Jammet pour Supersonic
Photos : Laura Moreau, Benjamin Guénault, Richard Dumas
Interview réalisée le 19 octobre 2016