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FAI BABA

« Je fais du classic rock »

C’est avant un concert électrique où le musicien suisse à fait vrombir sa kraut-pop apatride sur un mur d’amplis à lampes qui ferait pâlir de jalousie les plus gros sound-system des free-party que Fai Baba nous a reçu dans les loges du Supersonic. Tout comme son live, il improvise et fait voltiger ses pensées dans la vérité de l’instant. Plus cool, tu meurs, si bien que j’en suis ressorti « tout chose ».

Supersonic : Salut, tu peux te présenter ?

Fai Baba : Avant toute chose, est-ce que c’est pour un magazine ?

Supersonic : Je travaille pour la salle. On a un site internet.

Fai Baba : D’accord, mais tu vas le publier live ? (je l’enregistre avec un walkman, NDR) Ou tu vas le recopier à l’écrit ?
Supersonic : Non, non, je vais le recopier à l’écrit. Je t’enverrai tout ça dès que ça sera publié, ne t’en fais pas. On y va. Re-salut Fai Baba.

Fai Baba : Oui, je suis Fai Baba, je viens de Zurich.

Supersonic : Ok. Baba je sais ce que ça veut dire mais Fai, c’est quoi ?

Fai Baba : Fai c’est juste un nom. C’est un surnom qui vient de mon prénom, Fabian.

Supersonic : Quand as-tu commencé la musique ?

Fai Baba : Quand j’étais gosse.. J’ai vraiment commencé Fai Baba et les choses sérieuses, l’écriture de chansons, il y a 10 ans.

Supersonic : C’était quoi ton premier instrument ?

Fai Baba : C’était la guitare, ouais. Quand j’avais 7 ans j’étais un fan de Scorpions, je voulais vraiment jouer de la guitare rock ! J’ai dit à mes parents que je voulais apprendre la guitare rock, alors ils m’ont inscrit à des cours de guitare classique. J’ai commencé la guitare électrique à l’adolescence. Ça a toujours été mon instrument principal. C’est le plus simple, en tout cas pour moi.

« J’avais 7 ans j’étais un fan de Scorpions ! »

Supersonic : Comment un suisse comme toi se retrouve aujourd’hui chez Casbah Records, tu m’expliques ?

Fai Baba : Je ne sais pas, tu trouves ça si incroyable ?

Supersonic : Non, pas forcément. Je veux dire, comment tu les as rencontré ?

Fai Baba : En fait je ne les ai pas encore rencontré, je vais les voir pour la première fois dans une semaine. Je ne sais pas comment ils m’ont trouvé, ils m’ont contacté via Internet pour me demander si ils pouvaient publier mes chansons, et c’est plutôt cool, j’ai un label maintenant en France. C’est en partie grâce à ça qu’on joue ici ce soir..

Supersonic : J’ai l’impression que tu parles beaucoup de femmes et d’amour dans ton dernier disque. C’est quelque chose qui t’inspire ?

Fai Baba : Oui, complétement (rires). Oui, j’écris des chansons d’amour, ça parle beaucoup de « chatte » (rires)..

Supersonic : C’est ce qui t’intéresse le plus, non ?

Fai Baba : Non, je veux dire ça parle de..

Supersonic : C’est quoi le plus important pour toi, la musique ou les femmes ?

Fai Baba : Je ne sais pas.. C’est juste.. Tu vis ta vie, tu es un musicien et tu as des ennuis avec les femmes et tu écris des chansons.. C’est ce qui sort. Je ne pourrais pas te dire ce qui est le plus important entre la musique et les femmes..

Supersonic : C’est quoi ta plus grande inspiration pour écrire de la musique ?

Fai Baba : Je crois que c’est juste la beauté de la musique, la beauté des chansons. Composer, mixer les instruments.. Tu sais j’ai grandi avec les vinyles des Rolling Stones et des Beatles..

Supersonic : Tu es d’abord un fan de musique ?

Fai Baba : Oui, complétement.

Supersonic : T’es du genre « geek » quand tu composes, à rester enfermé des heures dans ton studio ?

Fai Baba : Ça dépend.. A certains moments je ressens vraiment l’envie de me poser, d’exprimer mes sentiments en écrivant des chansons et je me mets à fond dans la composition ; et à d’autres moments comme maintenant et depuis la sortie de l’album, comme on tourne tout le temps, j’ai rien foutu depuis un bon moment, artistiquement je veux dire.. C’est comme des phases, et tu ne contrôles pas vraiment les intervalles.. Je ne suis pas le genre de gars qui va au studio le lundi, à la gym le mardi et qui sort le mercredi avec sa copine…

« J’arrive à ce moment où je peux vraiment faire ce que je veux. »

Supersonic : Tu le fais quand tu le sens.

Fai Baba : Ouais, parfois j’ai cette explosion d’inspiration où je vais m’enfermer en studio.. Je n’ai même pas de véritable studio.

Supersonic : Pas même un home-studio ?

Fai Baba : Non, tout ce que j’ai c’est un studio de répétition pourri qui n’est même pas à moi, où je peux aller de temps en temps. Après l’album on l’a enregistré dans un vrai studio, mais ce n’est pas un endroit où je vais souvent pour travailler.. Faire un album est toujours un sacré boulot, pour arriver au point où tu te dis « ok c’est bon on va le publier » c’est beaucoup de stress.. C’est toujours très agréable quand t’en arrives là parce que tu peux enfin te détendre pendant un petit moment. Maintenant on fait plein de concerts et je suis hyper occupé avec ça.. Jouer en live est aussi hyper important pour moi.. C’est toujours très différent..

Supersonic : C’est comme une expérience.

Fai Baba : Généralement on improvise vachement..

Supersonic : Tu as dit que si tu n’étais pas un musicien tu serais fermier dans la montagne.

Fai Baba : (rires) Je sais pas je pourrais faire les deux..

Supersonic : Les deux ? Faire un studio en montagne par exemple ?

Fai Baba : (rires) Je ne sais pas. Tu sais certains musiciens vont en studio et enregistrent un album entier en une seule journée. Le reste de l’année ils peuvent faire d’autres choses.

Supersonic : Tu as donc encore ça en tête ?

Fai Baba : En ce moment je fais tellement de concerts et tout se passe très bien, ce qui me rend très heureux, parce que j’ai toujours voulu être musicien.. J’arrive à ce moment où je peux vraiment faire ce que je veux..

Supersonic : Mais tu es vraiment intéressé par le métier de fermier ?

Fai Baba : Non c’était juste une blague..

« Si tu veux vraiment écrire des nouvelles choses peut-être que c’est mieux d’aller là-haut en montagne pour crier sur toi même. »

Supersonic : Ouais je pense. A propos de la montagne ça serait cool de faire un festival en montagne.

Fai Baba : Ouais, y’en a déjà plein..

Supersonic : Tu as déjà joué dans l’un de ces festivals, en pleine nature ?

Fai Baba : Ouais, dans des vrais gros trucs, en plein air.

Supersonic : C’était comment ?

Fai Baba : Et bien, très montagnard. (rires) Il y en a un en suisse, en montagne. Mais le plus important pour moi c’est le public. Tu peux avoir un super festival dans la nature mais avec des gens qui viennent que pour se la mettre. Je préférerais toujours un endroit pourri avec un bon public.

Supersonic :Tu aimerais enregistrer en montagne, dans une ferme ou un refuge ?

Fai Baba : Ouais, en vrai ça m’intéresserait. J’aime la solitude, j’aime être seul. Quand tu es sur scène et que tu cries dans un micro c’est une chose mais si tu veux vraiment écrire des nouvelles choses peut-être que c’est mieux d’aller là-haut en montagne pour crier sur toi même (« screamin’ to yourself », sic).

Supersonic : C’est une bonne expression. Et la musique pour toi c’est quoi, c’est pour s’évader, pour rêver, pour s’échapper de la réalité ?

Fai Baba : Ouais.. La musique m’éveille. Elle permet de filtrer beaucoup de choses. Tu sais parfois j’en ai marre de la musique, j’écoute beaucoup de musique..

Supersonic : Parfois tu voudrais être fermier..

Fai Baba : (rires) Parfois tout ce que je veux c’est écouter le bruit du vent.. (rires)

« Je ne suis pas un magicien, je ne fais qu’écrire des chansons et les chanter et quand on joue en live on improvise beaucoup. »

Supersonic : Je n’aime pas trop parler de styles de musique parce que ça l’enferme souvent de façon inutile, mais je dirais que tu fais de la « psych’ pop ». Ça te parle ?

Fai Baba : J’en sais rien, tout ces trucs c’est de la blague pour moi.. Tout le monde a commencé a parlé de « psychedelic rock ! » (il hausse le ton, NDR), « psych’, psych , whatever psych !», tout ça c’est des conneries.. Je considère ma musique comme classic rock.. (rires) Un enfant des Rolling Stones.

Supersonic : Fai Baba : Ouais, c’est à peu près ça. Je ne suis pas un magicien, je ne fais qu’écrire des chansons et les chanter et quand on joue en live on improvise beaucoup, on fait de la musique..

Supersonic : Le concert est plus une expérience, dans l’instant ?

Fai Baba : Ouais, je suis d’accord. J’aime beaucoup l’improvisation. Tout ce qui nous intéresse avec le groupe que j’ai maintenant c’est jouer de la musique, essayer d’aller quelque part et prendre du plaisir. On n’est pas là pour jouer l’album..

Supersonic : Je n’aime pas non plus lancer des références à tout va mais là vraiment je vois pas mal de Jacco Gardner dans ta musique, autant dans le son que dans la tendance à la mélodie douce amère. Qu’en penses-tu ?

Fai Baba : Oui, c’est intéressant, parce que j’aime sa musique. Et tu sais ce que j’aime chez lui ? Il sonne comme les Beatles.

Supersonic : J’en étais sûr, je voulais te poser une question là-dessus..

Fai Baba : Oui, c’est le même son de batterie, de basse.

Supersonic : Et la mélodie ? Je trouve que tu sonnes comme Jacco Gardner, avec ces mélodies douces et tristes à la fois.

Fai Baba : Oui, peut-être.. Un ami m’a offert son disque récemment et c’est vrai que je l’écoute beaucoup. Je l’aime beaucoup, c’est très aérien.

Supersonic : Très psychédélique.. (rires) Non je rigole.

Fai Baba : (rires) Non c’est très aérien, et très naïf aussi.

Supersonic : Et les Beatles, alors ?

Fai Baba : Les Beatles ? Mon père écoutait ça tout le temps, donc j’écoutais la même musique, voilà tout. J’ai commencé à jouer de la guitare quand j’étais ado, à fumer de la weed en écoutant encore les Beatles. Quand j’ai eu 20 ans j’ai continué à écouter les Beatles. Et maintenant j’écoute encore les Beatles ! Je suis encore un putain de fan, c’est de la pop music intemporelle.

Supersonic : Quel est ton Beatles favori ?

Fai Baba : John Lennon.

Supersonic : Et l’album ?

Fai Baba : Sergent Peppers Lonely Hearts Club Band.

Supersonic : Et pourquoi ?

Fai Baba : Ils arrivaient à un moment où ils se réinventaient, ils étaient joueurs et prêts à pousser l’expérimentation assez loin.

« A un moment j’ai réalisé que je pouvais chanter haut et féminin, et j’explorais ce côté là c’est clair. C’est ma voix. »

Supersonic : Parfois quand j’écoute tes chansons je me demande vraiment si tu es un homme ou une femme, au niveau du chant. Tu aimes ce côté androgyne ?

Fai Baba : A un moment j’ai réalisé que je pouvais chanter haut et féminin, et j’explorais ce côté là c’est clair.. C’est ma voix..

Supersonic : Tu aimerais être une femme ?

Fai Baba : Non, je suis content d’être l’homme que je suis.

Supersonic :Mais tu aimes brouiller les pistes en tout cas, faire certains trucs comme les filles, une certaine forme de liberté.

Fai Baba : C’est clair, j’aime bien m’amuser, être libre et sauvage.

Supersonic : Cool. Comparé à l’album précédent, celui-ci est beaucoup plus triste. Est-ce que tout va bien ?

Fai Baba : Hum, oui, ça va, ça va.. C’est vrai que c’est un peu plus triste mais c’est pas si grave. C’est mélodramatique.. Plus tu es vrai et honnête sur tes sentiments, plus ça devient très sentimental et très…Très..

Supersonic : Profond ?

Fai Baba : Oui, très profond. Et oui parfois je peux me sentir très triste..

Supersonic : On dit que la musique triste est toujours plus belle.

Fai Baba : Tout ce que je veux c’est faire une musique qui soit honnête. Je ne suis pas là pour amuser la galerie.

Supersonic : Pas comme les Beatles.. (rires)

Fai Baba : Comme les Beatles ? Peut-être que si, enfin non. Tout ce que je veux c’est faire ce que j’ai envie de faire.

« Je suis hyper excité d’autant que je n’ai rien vraiment fait pour que ça arrive. »

Supersonic : Ok, sans personne pour te dire ce que tu as à faire, tu n’as pas de producteur ?

Fai Baba : Non, pas vraiment. Je suis mon propre producteur, avec mon pote Dummy..

Supersonic : J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, c’est la dernière question !

Fai Baba : Oh, super. (rires)

Supersonic : Tu es passé aux Transmusicales de Rennes, sur la radio Kexp, tu as 112 000 vues sur Spotify.. Ça commence à bien marcher cette affaire ?

Fai Baba : Oui, c’est cool, les choses se passent..

Supersonic : Abandonne l’idée d’être fermier mec, parce que là avec tous ces contacts.. (rires)

Fai Baba : (rires) Non c’est cool, je suis hyper excité d’autant que je n’ai rien vraiment fait pour que ça arrive. Tout ce que j’ai fait c’est composer ce disque, et voilà les gens l’aiment, je l’aime aussi.. C’est un album très cool, pas comme celui d’avant qui était parfois un peu complexe, un peu « trop ».. Celui-ci est beaucoup plus léger..

Supersonic : Tu te sens moins seul maintenant ? (Cf Why Do I Feel So Alone)

Fai Baba : Oui, j’ai rencontré une femme très cool.. Elle est gentille avec moi..

Je reprends le micro un instant pour chanter sa chanson : « Why Do I Feel So Aloneeeeeeee ».

Fai Baba : (rires) Non, vraiment, je suis très heureux.

Fai Baba // Sad And Horny // Casbah Records // 2016
Maxime Jammet pour Supersonic